Dec 02

Boris Pahani sur les traces de ses ancêtres partis de Moscopole

Catégorie : Habari/NewsEditeur @ 1:36 pm

Voici le compte-rendu détaillé des recherches entreprises par Boris Pahani sur ses origines lors de son  séjour en Allemagne entre  2016 et 2022. Il nous en avait fait part lors d’une rencontre à la bibliothèque de l’association à Paris. Une entreprise passionnante dont le résultat est éclairant :  les ancêtres de sa famille proviennent de  Muskopuli, qu’ils ont quitté entre 1769 et 1788. Mais aussi un exemple de recherche des ancêtres par le biais notamment des programmes disponibles en matière d’ADN. Quelques pistes sont suggérées en Post Scriptum.

A partir de mon retour en France vers 2001, j’ai décidé de mieux comprendre l’histoire de ma famille paternelle dont mon grand-père disait jadis que nous étions gréco-serbo-croates. Malheureusement mon grand-père avait eu une embolie cérébrale et parlait très mal et confondait tous les éléments du passé. Je n’avais que 4 éléments pour démarrer cette quête: (1) Famille originaire de Rijeka (Fiume) et Slavonski Brod / peut-être de Chypre. (2) Ses ancêtres avaient construit le premier chemin de fer en Roumanie en 1854 entre Oravita et Bazias. (3) Lui-même avait fait des recherches vers 1980 mais sans écrire ce qu’il avait découvert. (4) Tous les membres de la famille jusqu’à sa génération portaient des noms grecs qui se répétaient toutes les deux générations: Atanasius (Atanasije / Anastas) / Georgi / Constantin / Leonidas.

J’ai alors exploré son grenier et j’ai trouvé de nombreux livres de son père Anastas qui était chirurgien dentiste au début du XXème siècle et qui enseignait l’esperanto. 

J’ai également trouvé le livre “O cincarima” écrit en 1937 par le professeur Dusan Popovic de l’université de Belgrade. Et dans les annexes (écrites en serbe cyrillique), j’ai découvert 3 mentions de la famille Pahani comme cincars. Ne sachant pas qui ils étaient et l’internet étant très pauvre à cette époque, j’avais cherché dans des encyclopédies sans succès et interrogé un vieil oncle qui m’a dit que les cincars étaient des commerçants. 

Vers 2004, j’ai réussi à retrouver le cousin de mon père à Belgrade et je suis allé sur place. Cette famille avait conservé une trentaine de pages comprenant des actes de naissance, mariage et décès des notres d’environ 1800 à 1920. Ils ne savaient pas lequel des ancêtres avait fait toutes ces démarches auprès des églises pour les récupérer. Nous savons que c’était entre 1930 et 1940 selon les dates de traduction des actes. J’ai pu donc construire l’arbre généalogique de mon grand-père paternel et effectivement ils avaient tous des prénoms grecs Atanasius (Atanasije / Anastas) / Georgi / Constantin / Leonidas pour les hommes et Astra / Elena / Katarina pour les femmes. Première découverte pour moi, c’était des migrants quasiment à chaque génération. Anastas serait né à Nis en 1803 puis aurait migré vers Pancevo vers 1825 puis finalement avec ses enfants sont partis s’installer à Slavonski Brod, en territoire autrichien, ville militaire frontière avec la Bosnie (empire ottoman)

Vers 2010, j’ai repris les recherches sur internet qui s’était enrichi. On trouvait un peu plus sur les cincars (mais pas encore sur le nom de aroumain) mais ca restait très peu. J’ai découvert un livre sur les Cincars de Nis avec mention de notre famille Pahani. 

J’avais par contre obtenu deux articles roumains qui confirmaient la première ligne de chemin de fer en Roumanie en Aout 1854 entre Oravita et Bazias pour acheminer le charbon de la mine vers le Danube. L’histoire familiale était donc vraie et j’ai voulu comprendre pourquoi des gens basés à Slavonski Brod finançaient (je suppose) aussi loin de chez eux (à l’époque je n’avais pas compris les réseaux commerciaux / connexions aroumaines)

En 2020 avec le confinement, j’ai repris mes recherches et l’internet s’était beaucoup développé y compris dans les balkans. L’Autriche a numérisé beaucoup de journaux de la période 1850 à 1900 qui mentionnent à plusieurs reprises plusieurs membres de la famille Pahani et Diamandi. J’ai également trouvé des actes administratifs d’autorisation d’import/export. Souvent il est mention de Cincars/vlach.

Statistiquement, les aroumains de Nis venaient principalement de l’Epirus et comme beaucoup de familles avaient fui Moscopole en 1769 et 1788, j’avais émis l’hypothèse que notre famille venait de Moscopole. Je fus très heureux que mon hypothèse soit confirmée en découvrant un jour un article sur les médecins cincars et grecs de Novi Sad où il était écrit :

Pahani Dr. Anastas, born on February 23, 1872 in Slavonski Brod, in a trading family. After the first disintegration of Moskopolje in 1769, the Pahanis fled to Nis, and there, using Cincar connections, they enriched themselves through trade.Anastas Pahani, the grandfather of Dr. Anastas, moved to Slavonski Brod, Austria in the 1830s maintaining ties with Nis and Obrenovic’s Serbia.

En parallèle, j’avais fait des tests ADN génétiques pour trouver des potentiels cousins. J’ai testé également mon père auprès de 3 compagnies et selon les sites, il a entre 20% et 45% de gênes grecs/albanais avec beaucoup de cousins grec/albanais/macédoniens. La majorité d’entre eux se trouve aux USA et sont donc les enfants des migrants. 

Un test sur le chromosome Y, transmis intégralement de père en fils, a donné comme 2 premières correspondances un homme de Korcë, Albanie et de Venise, Italie (aussi un foyer de commerçants)

J’ai alors lu plusieurs dizaines d’articles sur les Aroumains et encore plus de questions arrivaient : D’où venaient-ils ? Comment s’organisaient-ils ? Pourquoi étaient-ils si bons dans le négoce ? Pourquoi certains sont restés par le biais du mariage dans le clan alors que d’autres ont forcé l’intégration en Serbie/Croatie ?

Voici les liens vers les sites qui proposent les tests ADN:

My Heritage
Ancestry
FamilyTreeDNA

Une réponse à “Boris Pahani sur les traces de ses ancêtres partis de Moscopole”

  1. corneliu zeana a dit :

    Surprenante unite genetique des Aroumains, due to a pronounced endogamie. Nous sommes diferent des oumains, plus proche des italiens adriatiques.

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